L’Agroforesterie : une pratique agricole durable pour l’avenir

En octobre 2024, lors de l’événement « Boeren met bomen : de weg naar 2035 », la ministre flamande de l’Agriculture et de l’Environnement – Jo Brouns – a mis en lumière l’importance de l’agroforesterie, une pratique agricole combinant arbres et cultures. Selon elle, cette méthode représente une « puissante étape vers un avenir agricole durable ». Mais qu’est-ce que l’agroforesterie, et pourquoi est-elle cruciale pour l’agriculture de demain ? 

Explications simples du fonctionnement de l’agroforesterie.
Une meilleure captation du CO2 et un microclimat protecteur 

Les recherches du Consortium Agroforestry, menées par l’institut ILVO en Belgique, ont révélé que les systèmes agroforestiers permettent de stocker jusqu’à sept tonnes de CO2 par hectare et par an. Les arbres, en capturant du carbone dans leur bois et les sols avoisinants, contribuent à la lutte contre le changement climatique. Ils créent aussi un microclimat protecteur, réduisant l’impact des vents forts, des températures extrêmes et des précipitations violentes. Ces caractéristiques sont particulièrement cruciales à l’heure où les épisodes climatiques extrêmes se multiplient. 

Gestion de l’eau et préservation des sols 

Un autre avantage clé de l’agroforesterie réside dans la gestion de l’eau. Les arbres aident à retenir et redistribuer l’eau dans les sols, limitant ainsi les risques d’érosion et de saturation des terres. Les systèmes racinaires profonds des arbres permettent de ralentir l’évaporation, rendant ainsi l’eau plus accessible aux cultures adjacentes, surtout en période de sécheresse. 

 

Une biodiversité accrue 

L’agroforesterie favorise aussi la biodiversité. En semant des plantes herbacées et florales entre les rangées d’arbres, on crée des habitats pour divers insectes pollinisateurs (comme les abeilles solitaires), des oiseaux et des petits mammifères. Ces corridors naturels jouent un rôle essentiel dans la préservation des écosystèmes locaux. De plus, des prédateurs naturels des ravageurs des cultures, comme les coccinelles et les guêpes parasitoïdes, peuvent prospérer dans ces environnements, réduisant ainsi le besoin de pesticides. 

Productivité et rentabilité 

Bien que l’agroforesterie puisse entraîner une réduction moyenne de 20 % de la productivité des cultures agricoles classiques en raison de la concurrence entre arbres et plantes pour l’eau et la lumière, cette baisse est largement compensée. En effet, les arbres offrent des produits supplémentaires tels que le bois, les fruits, etc. Ces sources de revenus diversifiées permettent aux agriculteurs de répartir les risques tout en s’ouvrant à de nouveaux marchés, comme ceux des fruits locaux, des jus ou des biocarburants. 

Un soutien politique important 

Depuis l’introduction de la subvention pour la sylviculture en 2012, environ 280 hectares de nouvelles parcelles agroforestières ont été soutenues en Flandre. Cependant, la ministre Jo Brouns a souligné la nécessité d’une plus grande sensibilisation et d’un cadre politique plus favorable pour que cette pratique se développe à grande échelle. Des mesures d’incitation et des formations dédiées doivent être mises en place pour encourager les agriculteurs à adopter l’agroforesterie. 

Le Consortium Agroforestry prévoit de publier une feuille de route d’ici 2035, intégrant des actions prioritaires pour promouvoir l’agroforesterie à grande échelle. Cela inclut le développement de nouveaux outils pratiques, comme des cartes interactives des parcelles agroforestières existantes et des sites de démonstration. Les agriculteurs peuvent ainsi bénéficier d’un accompagnement personnalisé pour adopter cette pratique. 

Pour résumer, comme l’a affirmé la ministre Jo Brouns, l’agroforesterie n’est pas simplement un retour à des pratiques agricoles ancestrales, mais une démarche vers une agriculture moderne, durable et résiliente. En combinant arbres et cultures, cette méthode offre non seulement des avantages écologiques majeurs, mais elle ouvre également la voie à une plus grande rentabilité pour les exploitations agricoles. Avec un soutien croissant, l’agroforesterie pourrait jouer un rôle central dans l’avenir de l’agriculture en Flandre et au-delà. 

 

L’agroforesterie dans le monde : un concept de plus en plus prisé 

À l’échelle mondiale, l’agroforesterie couvre environ 1 milliard d’hectares, soit environ 43 % des terres agricoles globales selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). Cependant, son application varie considérablement d’une région à l’autre. En Afrique subsaharienne, par exemple, jusqu’à 80 % des agriculteurs pratiquent des formes d’agroforesterie traditionnelles, en particulier en combinant des arbres avec des cultures vivrières comme le mil et le sorgho. En Europe, cette pratique est moins répandue, mais elle gagne en popularité avec l’augmentation des subventions et des incitations pour des pratiques agricoles plus durables. 

Aux États-Unis, l’agroforesterie est encore à un stade de développement avec une adoption plus faible, mais des initiatives pionnières visent à élargir son usage, notamment pour la restauration des terres dégradées et la séquestration du carbone. En Asie, des pays comme l’Inde ont également adopté l’agroforesterie, avec environ 25 millions d’hectares dédiés à cette pratique.